40ème anniversaire de l'association des journalistes de l'information sociale au Sénat

Photo JL BENOIT © Juste après le grand débat, au Sénat

J.L.B.Infos

Au Sénat, Nicolas SARKOZY était l'invité des journalistes de l'information sociale pour ouvrir le colloque du 40ème anniversaire de leur association. Le temps pour le Président de la République de prononcer son premier discours de rentrée, l'un des plus importants depuis le début de son quinquennat.

 

C'est Marc LANDRE, Président de l'AJIS, Association des Journalistes de l'Information Sociale, qui ouvrait le colloque sur Les premières rencontres du social dans le cadre prestigieux du palais du Luxembourg au Sénat le 18 septembre 2007 autour de 1000 invités. Ce rendez-vous fêtait le 40ème anniversaire de l'association qui veut surtout "favoriser la progression et la qualité de la rubrique sociale dans toutes les formes de presse", pour reprendre l'objectif principal de ses statuts.

"Derrière le thème « Emploi, vieillissement, santé... les chantiers de demain » se cache notre volonté d’enrichir le débat sur des problématiques sociales qui marquent le paysage d’aujourd’hui et qui s’annoncent encore plus lourdes d’enjeux pour la prochaine décennie" précisait Marc LANDRE avant de passer la parole au Président de la République, Nicolas SARKOZY pour un discours historique, retransmis en direct sur plusieurs chaînes de télévision.

Photo JL BENOIT © Nicolas Sarkozy à la tribune de l'AJIS

Ce rendez-vous était effectivement l'occasion pour le Président de la République de présenter son premier programme de rentrée et d'engager les ministres concernés à proposer des plans d'action pour début octobre ; les grandes réformes sociales sont envisagées pour la fin du 1er semestre 2008 comme l’avenir des retraites ou la refonte du marché du travail.

Photo JL Benoit © L'assemblée durant le grand discours du Président de la République

Autour de lui figuraient les principaux responsables des organisations patronales et syndicales et ministres.

"Le rôle que la presse d'information sociale joue dans notre vie publique est important" furent les premières paroles de Nicolas SARKOZY, Président de la République "Vous êtes des médiateurs indispensables de nos relations sociales. Vous intervenez dans un domaine où les paroles prononcées pèsent lourd. Vous êtes aussi, il faut bien le dire, les décrypteurs d'un dialogue social très codé, qui confine parfois au jeu de rôle. C'est de votre professionnalisme et de votre capacité d'analyse que dépend la qualité de l'information de nos concitoyens. Votre mission est difficile, vous l'accomplissez avec rigueur, je tenais à le dire"

Sans surprise pour le public présent, il annonçait un agenda très chargé de réformes sociales, conscient des difficultés et déterminé : "On me dit que je vais prendre tous les risques parce que je veux trouver des solutions à tous les problèmes à la fois dans un domaine où, paraît-il, tout est " miné ", tout est compliqué. Je crois que c'est justement tout le contraire, que c'est la réforme par petits bouts, sans cohérence d'ensemble, qui est vouée à l'échec."

Il s'avérait toutefois rassurant "l'urgence de l'action ne saurait en aucun cas justifier qu'on méprise le dialogue social" faisant le constat que la réforme sociale est irrémédiable : "Notre organisation sociale produit aujourd'hui plus d'injustice que de justice... Il faut donc en changer." enchaînant "Ce contrat social nouveau, je veux le fonder sur le travail, sur le mérite et sur l'égalité des chances... Il exige des changements très profonds."

Il indiquait alors que la refonte ne signifiait pas pour lui une remise en question, conscient que les français "veulent tout d'abord être rassurés sur la préservation des éléments essentiels de notre protection sociale, pour eux comme pour leurs enfants. Ils veulent que les retraites soient financées, que l'accès de tous à des soins de qualité soit garanti."

Photo JL Benoit © Le discours était diffusé en direct sur plusieurs chaînes de télévision

Trois principes étaient annoncés en matière sociale :

- Remettre le travail et l'emploi au cœur de nos politiques sociales "nos actions doivent tendre désormais à la promotion, à la revalorisation et à la juste rémunération du travail" disait-il "mettre le travail au centre, c'est faire en sorte que notre système social incite à travailler plutôt qu'à rester inactif."

- Concilier la mobilité et la sécurité, pour les salariés comme pour les entreprises : Sur la mobilité il précisait "Les entreprises doivent s'adapter en permanence. Si elles ne s'adaptent pas, elles ne sont plus compétitives...pour les salariés, c'est un moyen de promotion sociale, un moyen de mieux maîtriser son destin." Pour la sécurité, il enchaînait "les entreprises en ont besoin pour mieux prévoir, pour mieux anticiper...La vraie sécurité du salarié tout au long de sa vie passe par la mobilité, pour peu que cette mobilité soit organisée et soit facilitée. Or, tout, aujourd'hui, complique la mobilité."

Aussi, il annonçait aussi une réforme du contrat de travail "Je suis heureux que les partenaires sociaux se soient emparés de ce thème difficile. Je suis confiant dans leur capacité à dégager des compromis innovants... Là où il n'y aura pas eu accord, l'Etat prendra ses responsabilités".

Il demandait à Christine LAGARDE de faire dans les 15 jours des propositions sur le processus de fusion de l'ANPE et de l'UNEDIC. "Cela fait 20 ans qu'on en parle et, à de rares exceptions près, le chômeur doit toujours faire un parcours du combattant. Alors que faut-il faire ? Attendre 20 années de plus ? Ce que je veux, c'est mettre le demandeur d'emploi au cœur du système, non les structures administratives... Il s'agit tout simplement de mettre notre service public de l'emploi au niveau des meilleurs standards européens...Un partenaire social n'a pas comme seule mission de défendre un acquis social. Il peut avoir des idées, et ses idées peuvent être bonnes et intelligentes pour peu que l'on veuille bien les entendre, les écouter et les retenir."

Il lançait le souhait d'obtenir un système de formation professionnelle efficace, précisant : "Notre système de formation professionnelle, je pèse mes mots, est à bout de souffle, dans son organisation comme dans son financement. Il n'est pas du tout en mesure d'assurer la reconversion des hommes et la reconversion des territoires. Il n'est pas assez centré sur ceux qui en ont le plus besoin, en particulier les chômeurs et les salariés les moins qualifiés. Il est éclaté entre de trop nombreux commanditaires et financeurs. Il n'a aucune cohérence territoriale..."

- Trouver le juste équilibre entre la responsabilité, qu'elle soit collective ou individuelle, et la solidarité.

"On oppose trop souvent la responsabilité, qui serait de nature individualiste et potentiellement dangereuse pour la cohésion sociale, et la solidarité, qui serait chargée de toutes les valeurs positives. C'est une erreur. Je pense que la solidarité est le fondement de notre protection sociale, que ce soit la solidarité entre jeunes et moins jeunes, entre chômeurs et salariés, entre malades et bien portant... Mais le premier point d'application de ce principe, c'est qu'on ne peut demander aux Français d'être solidaires s'ils ne sont pas assurés que chacun est responsables..."

Il insistait sur ce sujet d'actualité : "La lutte contre la fraude n'a jamais été une politique vraiment assumée dans notre pays. Cela explique nos difficultés à la détecter et donc à la sanctionner." apportant aussi d'autres prévisions : "Concilier responsabilité et solidarité, c'est aussi prendre en charge nos nouveaux besoins de santé (maladie d'Alzheimer, plan cancer, soins palliatifs) sans pour autant grever les comptes de l'assurance maladie qui n'en ont pas besoin, ni peser sur les générations futures qui, elles non plus, n'en ont pas besoin... Etre collectivement responsable, c'est également redresser les comptes de l'assurance maladie... Je souhaite en appeler à la responsabilité individuelle de manière beaucoup plus forte... Enfin, notre protection sociale doit relever le défi de l'allongement de la durée de la vie."

Roselyne BACHELOT a en charge la démarche dite de "maîtrise médicalisée".

Le dernier point évoqué était peut être le plus sensible, bien que déjà annoncé à maintes reprises, c'était l'engagement de réforme des régimes spéciaux de retraites : "L'objectif doit consister, à tout le moins, à harmoniser les régimes spéciaux avec celui de la fonction publique."

Photos JL Benoit © Xavier Bertrand au Palais du Luxembourg, le président Poncelet

C'est Xavier BERTRAND qui prenait la suite du dossier tenu antérieurement par François FILLON ; au delà de l'harmonisation et la réforme des régimes spéciaux, il a annoncé un "rendez-vous 2008" sur l'ensemble des retraites.

Au terme d'un discours de deux heures, il concluait : "Je n'aurai donc qu'une seule ligne de conduite : Trouver ces solutions, innover, agir, car nous n'avons ensemble qu'un seul droit, celui de réussir."

Les tables rondes autour d'experts allaient se succéder dans l'après-midi, après les commentaires des résultats d'un sondage lancé par l'AJIS sur les attentes sociales des Français : "Je peux vous dire que nos concitoyens sont très pessimistes quant à leur avenir. Pire, 4 sur 10 estiment qu’il faut réformer en profondeur, voire transformer radicalement, notre modèle social" indiquait Marc LANDRE le Président de l'association.

Photos JL Benoit © De gauche à droite, Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité,

Martin Hirsch, haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté,

Entre temps, ce fut le ballet de limousines des personnalités, allant et venant pour les tables rondes. Un cocktail dînatoire pour 300 convives dans les salons de la présidence, salle Boffrand allait se poursuivre jusqu’en fin de soirée autour de l'exposition consacrée à ces "40 ans de social" qui s'accompagnait dans le dossier des participants d'un condensé photo des grandes unes de cette période. Fleur GIRE, jeune pianiste, auteur-compositeur-interprète, se produisait en mini concert pour présenter une chanson originale et de circonstance intitulée « Ne tirez pas sur le pigiste ».

Photos JL Benoit © La sortie de Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre, puis au micro de France Inter

© Tous droits protégés et copyright

Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation, qu'elle soit intégrale ou partielle, quelqu'en soit la propriété, le support ou le média, est strictement interdite sans autorisation de l'auteur - Copyright sur toutes photos de l'auteur.