Photo JL Benoit © Perspective sur Villarceaux

 

Le domaine de Villarceaux dans le Val d'Oise

Parmi les plus beaux jardins d'Ile de France cette belle propriété mérite un détour...

J.L.B.Infos

 

Ce sont deux demeures historiques réunies sur un magnifique domaine en plein coeur du Vexin, à Chaussy dans le Val d'Oise près de Magny en Vexin sur la route de La Roche Guyon et Giverny.

Depuis 1989, le Conseil Général de l'Ile de france a engagé un programme de restauration du domaine avec un bail de 99 ans signé avec la Fondation Charles Léopold MAYER, propriétaire des lieux. Cette opération s'est faite avec l'architecte des Monuments historiques, Pierre-André LABLAUDE, et l'Agence des Espaces Verts de la région Ile de France pour les jardins, dont les paysagistes Alain PROVOST et Alain COUSSERAN. Même le parking a été paysagé avec 541 arbres alignés replantés.

Photo JL Benoit © La partie médiévale où séjourna Ninon

 

C'est aussi près de l'entrée un jardin aux plantes médecinales, rappelant le jardin de simples du monastère proche de Sainte Marie Madeleine de Villarceaux, entourant les sources, comme celle de la tour Saint Nicolas , devenue plus tard le pigeonnier, ainsi que des fontaines ; ce sont des parcours entourés de buis des jardins qui évoquent les parterres de broderies renaissances, reconstituées d'après des gravures d'Androuet du CERCEAU, avec des miroirs d'eau en demi-lune, qui font de Villarceaux l'un des plus beaux jardins d'Europe. Le parterre sur l'eau du XVIème siècle évoque l'ile de Cythère, la sagesse inaccessible, et perpendiculairement le bassin des huit jets.

Une partie médiévale

Ainsi ont été restaurés le Manoir de Ninon situé près du bassin et en bordure des jardins, la Tour de Ninon, partie bâtie d'origine médiévale, mais aussi d'importants travaux entrepris pour le curage des étangs, la remise en état des ouvrages hydrauliques, la consolidation des berges et réalisation d'une adduction d'eau. Amie de Madame de MAINTENON, sous Louis XIV, la courtisane Manon de LENCLOS, y vit ses amours. Le propriétaire des lieux est alors Louis de MORNAY. Au XVIIIème, la seigneurie passe par héritage à Charles Jean-Baptiste du TILLET, Marquis de la BUSSIERE et de Villarceaux, grand louvetier du Roi. Il y vécut trois années.

Photos JL Benoit © La partie médiévale, le pavillon de Ninon et le parterre sur l'eau

L'aile nord des communs reconstruits entre 1560 et 1563 abrite aujourd'hui les ateliers d'artistes de l'association "La source" présidée par le plasticien Gérard GAROUSTE.

A l'origine, c'est Louis VII au XIIème siècle qui a créé un prieuré bénédictin pour les femmes, dépendant de l'abbaye de Saint Cyr. Des fouilles archéologiques ont eu lieu dans la maison forte.

Photos JL Benoit © La terrasse médiévale et ses plantes aromatiques et médecinales, l'une des sources

Le château "du Haut" et les terrasses Renaissance

La restauration a été aussi engagée dans le bâtiment du XVIIIème, le plus récent, un château dont l'entrée est inspirée de l'hotel de Matignon dominant le grand étang et l'étang de la Vinette, accèdant à des terrasses Renaissance bordées de scultptures, huit statues des XVII et XVIIIème venant du palais Altieri à Rome et de la villa d'Este du lac de Côme.

Photo JL Benoit © Le salon central et la vue sur de domaine et la vallée

Ce sont de gauche à droite et de haut en bas, la Naissance de Vénus, Athéna, Zeus, Leda, Diane, L'espérance qui nourrit l'amour, Indimione, le temps qui découvre la vérité, Vénus, Angélica, deux Amours, Contento et Amphitrite.

Le mobilier, qui avait été vendu dans les années 1970 à la suite d'un scandale financier, est aujourd'hui reconstitué et les visites ouvertes au public. Certains sont d'origine dont les chevets en marbre, des meubles estampillés du XVIIIème viennent des grands ébénistes parisiens. Les grandes pièces donnent sur le parc ou sur la cour d'honneur où nous avons surpris la lumière filtrer avec un grand bonheur de photographe, comme dans le salon de réception.

Photos JL Benoit © L'entrée du château "d'en haut"

Certaines pierres ayant servi au château proviennent du domaine féodal, qui fut quelque peu démonté, construit relativement rapidement en 4 ans de 1755 à 1959 par l'architecte Jean Baptiste COURTONNE. C'est le symbole d'une transplantation d'architecture de ville à la campagne avec ses ornements végétaux importants, avec une vue sans pareil sur la région en "sauts de loup", où le regard découvre l'horizon et les terrasses s'annoncent progressivement jusqu'au grand étang. C'est le "vertugadin" qui tire son nom et sa forme des plis resserrés des jupes à panier des femmes du XVIIIème.

Photos JL Benoit © L'entrée inspirée de Matignon, les scultptures du parc, l'escalier central

Fin du XIXème, Villarceaux dispose d'un moulin transformé en scierie, fonctionnant à l'électricité avec des turbines utilisant l'eau des étangs. L'orangerie datant du XVème sert de serre pour des plantes exotiques, une glacière souterraine sert à la conservation et préparation des poissons... Cet aspect économique demeure aujourd'hui et les visiteurs peuvent acheter à certaines heures des quartiers de viande à la bergerie, toujours active. A l'époque, Villarceaux pouvait vivre en autarcie avec ses potagers, pisciculture et viviers irrigués par le réseau hydraulique complexe que les spécialistes voudraient bien vouloir renaître.

Photo JL Benoit © le chateau "d'en haut"

Voir nos new's sur les journées annuelles de "Rendez-vous des jardins"

Voir aussi notre reportage sur Giverny et Claude MONET

Voir notre reportage sur le Château d'Esclimont dans l'Eure-et-Loire

Textes et photos Jean-Louis Benoit

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