photo JL Benoit © L'insigne Lorraine Dietrich

Rétrospective sur la marque Lorraine-Dietrich

Les infos de J.L.B.

Cette marque deux fois victorieuse aux 24 heures du Mans n'aura qu'une vie courte, de 1908 à 1935, mais avec une grande variétés de modèles de tous genres ! Et pour cause, les initiateurs sont renommés, Amédée BOLLEE et Ettore BUGATTI par exemple...

Une rétrospective à Saint Cloud...

Le club Lorraine-Dietrich, organisateur du Rallye des grandes marques disparues, était à l’honneur du Concours d’élégance de Saint-Cloud 2008 pour une exposition dédiée à la marque. Nous en avons profité pour remonter l'historique et les points forts de ce constructeur.

Photos JL Benoit © La Lorraine Dietrich B3-6 durant l'expo, celle vainqueur au Mans en 1926

Une courte carrière mais des noms associés prestigieux...

Cette entreprise française de constructions métallurgiques et mécaniques commence son activité automobile en 1897.

De Dietrich était surtout célèbre pour ses locomotives et ses moteurs d'avions avec le baron Eugène De DIETRICH Adrien et Eugène De TURCKHEIM, ses neveux, s'occupant des usines de Lunéville depuis 1897. Cette année là fut primé l'un des premiers camions de la marque.

Au début du siècle, elle se lance dans la construction de voiturettes, sous licence belge avec la Vivinus puis deux ans plus tard la Turcat-Méry des deux ingénieurs marseillais Léon TURCAT et Simon MERY. Elle produit ensuite sous son propre nom des tricycles bicylindres 6,5 et 9 HP puis des 4 roues à moteur horizontal de deux et quatre cylindres, les 12 et 18 HP ; c'est avec l'aide d'un grand de l'histoire de l'automobile, le fils d'Amédée BOLLEE, qu'ils lanceront ces véhicules à deux et quatre places. BOLLEE fournissait une grande partie des moteurs avec son usine du Mans. C'est ce qui explique que l'on retrouve encore aujourd'hui la marque présente au Musée du Mans.

Photo JL Benoit © Lorraine Dietrich, une marque prestigieuse pour l'époque


En 1902, c'est un certain Ettore BUGATTI qui conçoit quelques modèles, avant même la naissance de sa propre marque, une fabrication à Niederbroon en Alsace. On retiendra surtout la "Paris-Madrid". Les chassis sont en bois armé renforcé, comme le seront aussi les premières Bugatti.

Elles passent ensuite au métal en 1904 avec des moteurs à soupapes latérales. La marque Lorraine-Dietrich est née avec un modèle fabriqué dans l'usine Ariel de Birmingham. La grosse cylindrée de 1904 est un 4 cylindres de 35 HP de 6 900 cm3 remplacée l'année suivante 40 HP de 8 000 cm puis une 60 HP de 12 000 cm3.

Les motorisations continuent dans l'ampleur et la marque perdure avec la nouvelle Société lorraine des Anciens Établissements De Dietrich et la Compagnie de Lunéville en 1905 suivie d'une présentation officielle de la marque au salon de Paris 1926. Léon TURCAT dirige la marque dont le siège est situé à Argenteuil en région parisienne.

Photo JL Benoit © Torpedo B3-6 en cours de restauration complète, modèle datant de 1923 carrossé par Gaston Grummer

En 1906 Lorraine-Dietrich rentre dans le capital d'Isotta-Fraschini (jusqu'en 1908) puis achète Ariel en Angleterre.

La marque vise un créneau de belles automobiles dès 1920 avec Marius BARBAROU qui vient de la marque Delaunay-Belleville avec la volonté de rivaliser avec Royce Royce et Hispano Suiza, il restera économiquement sur des 6 cylindres, abandonnant comme Hotchkiss son projet de 12 cylindres.

Ce sont des 8 cv, puis la prestigieuse 12 cv jusqu'en 1929, et la 16, équipée d'un 6 cylindres de 3500 cm3 ; ensuite vient la 24 cv. On passe de la transmission par courroie à la transmission par chaîne. En 1928 on trouve des 4 vitesses avec une version sport et une tourisme de 15 cv. En 1933, la 16 cv est remplacée par une 20 cv de 6 cylindres à boite 4.

La firme arrête sa production automobile en 1935 en raison du contexte de crise économique, l'usine d'Argenteuil étant passée l'année précédente sous licence Tatra, spécialiste du camion et du tout terrain et l'usine de Luneville se spécialisant dans le wagon de chemin de fer.

Photo JL Benoit © Lorraine Dietrich militaire, six roues et tout terrain

C'est ce qui explique aussi la six roues exposée en juin 2008 à Saint Cloud !

Photos JL Benoit © Les

Une marque en compétition

En 1897 se dispute le Paris-Amsterdam-Paris, et Amédée BOLLEE engage De Dietrich équipée de moteurs Bollée, des 8 HP montés sur une caisse profilée en alu, aérodynamisée d'une forme de bateau. Elle s'inspire de la « Jamais contente » de JENATZY utilisée dans les premières courses de côte. En 1899, un modèle carrossé par ROTCHSCHILD à Paris équipe une 18 HP.

Voir notre reportage sur la course de côte de Chanteloup et l'évocation de la "Jamais Contente"


En 1902, JAROTT pilote une De Dietrich sur le Paris-Vienne. En 1903, une De Dietrich est présente sur le Paris-Madrid avec une 45 HP avec Madame Du GAST au volant avec une 3ème place à l'arrivée d'étape à Bordeaux.

En 1906, la marque De Dietrich et DURAY gagne le Circuit des Ardennes en 106 km/h de moyenne avec une 60 HP puis une seconde victoire en 1907 ; la même année, l'épreuve Moscou - Saint Petersbourg est remportée par DURAY aux commandes de la Lorraine après neuf heures de course. Il fera un Paris-Nice en seize heures et un Paris-Madrid en vingt-huit heures. Au Grand Prix de France de Dieppe, il laisse la place à Nazzaro sur Fiat après avoir dominé la course avec une forte avance, boite de vitesse cassée.

En 1912, à Brooklands, les Lorraine-Dietrich obtiennent deux records avec les 3 heures de course à 152,593 km/h et les 6 heures à 138,984 km/h de moyenne devant les Delaunay-Belleville.

Aux 24 heures du Mans 1925, la 16 cv n° 5 de De COURCELLES et ROSSIGNOL équipée d'une motorisation de 3 446 cm3, remporte le classement à la distance avec 2 233,982 km parcourus et une moyenne de 93,082 km/h devant la Chenard et Walker de SENECHAL-LOQUEHEUX, une 1100 cm3. La "Sport-Le Mans" pointe dans la ligne droite avec une vitesse de 145 km/h. STALTER-BRISSON prennent la troisième place.

Photos JL Benoit © Une autre Lorraine Dietrich de l'expo de Saint Cloud

Le 13 juin 1926 : Trois voitures françaises triomphent aux grand Prix d'endurance du Mans, ce sont des Lorraine-Dietrich, battant la moyenne de 100 km/h sur l'ensemble de l'épreuve avec des pneus à tringles. La première des trois LT est celle de BLOCH et ROSSIGNOL. Pendant une partie de la course, elles furent concurrencées par les Peugeot 18 cv et les OM italiennes. A noter l'usage désormais largement répandu des pneus à tringles. La B3-6 n°6 est surnommée le "Requin bleu". Le succès de cette 16 cv lui vaudra d'être fabriquée jusqu'en 1933. Venaient aussi sur le podium COURCELLES-MONGIN et STALTER-BRISSON. Sur les 41 engagés, 13 seulement regagnaient l'arrivée.

Une 15 HP apparaîtra encore en 1934 aux 24 heures du Mans 1934 engagée par un privé.

Jean Pierre WIMILLE, dont sa voiture de compétition a une place privilégiée à l'entrée du grand pavillon du Musée de Reims, s'est fait connaître par ses performances sur le coupé sport B3-6 au Rallye de Monte-Carlo 1931.

Photos JL Benoit © La Lorraine Dietrich B3 6 type Le Mans 1927

Voir notre reportage sur le Rallye Paris-Deauville

Voir aussi notre reportage sur le Club Mini France

Voir les new's sur les rendez-vous classiques de l'automobile ancienne New's Auto Art

Textes et photos Jean-Louis Benoit

© Tous droits protégés et copyright

Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation, qu'elle soit intégrale ou partielle, quelqu'en soit la propriété, le support ou le média, est strictement interdite sans autorisation de l'auteur - Copyright sur toutes photos de l'auteur.