C'est à Paris, dans les locaux mêmes où les premières Alpine furent assemblées, que nous avons visité la collection privée d'Alpine - Redelé à l'occasion d'une conférence de presse organisée par Rallystory.

Découverte avec Hervé CHARBONNEAUX...

C'est le fils du célèbre designer automobile, Philippe CHARBONNEAUX, dessinateur de la Renault 16 et auteur de cars publicitaires du Tour de France - ancien vice-président de l'Automobile Club de France -, Hervé CHARBONNEAUX, qui nous a fait découvrir cette collection privée située dans les ateliers de la rue Forest à Paris, près de la Place Clichy, temple où furent construites les premières Alpine.

photos JL Benoit © Le garage Redele-Escoffier à Paris fut le premier atelier de montage Alpine,

aujourd'hui encore, une belle collection privée !

Hervé CHARBONNEAUX nous explique que c'est le mariage de Jean REDELE avec une fille de la famille ESCOFFIER, qui a amené la concrêtisation d'Alpine dans le garage familial : "Ici ont été assemblées les premières Alpine, le succès était tel que l'on ajoutait un étage par an à ce bâtiment qui domine aujourd'hui Paris avec une vue imprenable du 7ème étage où l'atelier entouré de verre prend la lumière... C'étaient des journées où l'on ne comptait pas les heures... On était passé de l'artisanat à l'industrie ! "

Ce matin là, la température ambiante n'était guère de plus de 6° à six heures du matin et le givre et la neige avaient envahis notre parebrise, mais qu'importe, le déplacement vallait le coup d'oeil tout comme l'enthousiasme de cette équipe de Rallystory et la passion de leurs invités !

Le fabuleux destin de Jean REDELE... entre production et compétition

Au fur et à mesure de la journée, le soleil levant étincelait les belles carrosseries de cette collection privée que Jean REDELE et sa famille ont su conserver au fil des ans.

Pilote et Ingénieur, ce concessionnaire Renault de Dieppe s'est lancé dans une carrière de pilote entre 1950 et 1954 en participant à de nombreux rallyes et premières places sur 4 cv comme le Tour Auto, la Coupe des Alpes, le Rallye Liège-Rome-Liège, les Mille-Miglia, la Coupe des Essarts, le Tour de Belgique... En 1952 Giovanni MICHELOTTI, le styliste italien installé à Turin dessine pour lui un coupé capable d'abriter une base de 4CV 1063 cm3 ; trois carrosseries en alu sont alors assemblées en Italie par ALLEMANO ; Jean REDELE confie à deux français de la banlieue parisienne le soin de réaliser une coque en polyester stratifié, CHAPPE et GESSALIN. De là nait la A 106 et en 1955 il crée la société des Automobiles Alpine, exposant avec la Régie Renault au salon de Paris.

photos JL Benoit © Quelques Alpine d'endurance, une 1500 cm3 au premier plan

Notre guide pour cette visite, Hervé Charbonneaux, que nous remercions !

Le "centre d’essais" est installé au 7ème du garage Escoffier qui propose très vite le choix sur deux moteurs et trois versions. Plus tard, ce sera également un cabriolet, que nous retrouvons encore dans ces murs.

Jean REDELE renoue avec la compétition en engageant une A 106 qui remporte les Mille Miglia dans sa catégorie ainsi qu'au Rallye Monté-Carlo. Après le salon de Bruxelles, un accord est pris pour une fabrication là-bas : nous sommes alors en 1956.

En 1966 nait la A 220 - appelée aussi M66 - prévue pour l'endurance et Le Mans, atteignant une vitesse de pointe de 254 km/h ; c'est la suite des protos M63 et M64.

photos JL Benoit © Parmi la gamme de berlinettes, le cabriolet moins connu !

La gamme des A 310 et quelques Alpine noires dans la collection Redelé

En 1967 nait le prototype A 220 à moteur V8 Gordini 3 litres, la gamme A 110 propose trois nouveaux modèles dont un pour la compétition ; c'est un titre de champion d'Espagne des rallyes pour Bernard TRAMONT. L'année suivante, une centaine de concessionnaires Renault s'apprêtent à distribuer les Alpine ; l'usine de Dieppe est trop petite, une usine verrea le jour à Chartres et le siège social est transféré à Epinay-sur-Seine. Jean REDELE vend la licence de construction des Alpine en Bulgarie et prend la direction du service compétition de Renault installé à Dieppe, 12000 m2 d'usine en 1969, employant 350 personnes outre le site de Thiron-Gardais avec 75 autres employés ! Plus de 600 voitures sortent alors des usines puis 1262 l'année d'après. En Bulgarie, TCHOUBRIKOV remporte le championnat national sur une 1300 S fabriquée là-bas.

photos JL Benoit © L'une des monoplaces de l'école de pilotage Renault-Elf, l'Alpine 1500 cm3 et une 4 cv

En 1970, deux titres de champion de France et d'Europe reviennent à Jean-Claude ANDRUET.

En janvier 1971, trois A 110 forment le podium du Monte-Carlo, ce sera ensuite un titre mondial au championnat des rallyes. Ce podium monégasque se renouvellera en 1973 ainsi que le titre mondial.

En circuit deux monoplaces Alpine sont titrées en Championnat de France de Formule Renault et F3. La A 310 est l'une des vedettes du Salon de Genève, Dieppe ne fabriquera plus qu'elle à partir de 1972 et le site de Thiron-Gardais l’A 110 1300 G version V85 et la 1600S, une groupe 4 pour la compétition. Jean-Luc THERIER remporte le Critérium des Cévennes sur une Berlinette 1600 turbocompressée : Une première en rallye !

Alpine, Renault et Elf s'associent pour commander à Gordini un V6 2 L pour un proto A 440.

En 1974, l'A 310 est lancée en rallye et devient championne d'Europe en Sport Prototype en catégorie 2 litres avec l'A 441. La A 110 ajoute à son palmarès deux titres de champion de France pour Jacques HENRY et Michèle MOUTON. La A 110 gagne notamment le Rallye du Maroc.

En 1975, Alpine-Renault et son V6 Renault Gordini Turbo s’impose aux 1000 km de Mugello, puis c'est la sortie de la version A 442 engagée l'année suivante aux 24 heures du Mans. La A 310 V6 est commercialisée... la groupe 5 arrivant en fin d'année en compétition.

Belle époque, on se souvient ici à PRESSadom avoir essayé quelques années la dernière version, plus tard, sur Le Castellet aux côtés d'Erik COMAS venu remporter son volant Elf !

En 1977, c'est le titre pour Guy FREQUELIN en rallyes ; la A 310 V6 ajoute un fort palmarès en tête des Rallyes Neige et Glace, Armor, Touraine, Vercors, Chataigne et Var, des Critériums Jean Behra et des Cévennes, de la Ronde Limousine et de la Giraglia...En rallycross, le titre français revient à Jean RAGNOTTI et celui européen à Herbert GRUNSTEIDL. La même année, Jean REDELE cède ses parts d'Alpine à Renault.

En 1978 ce sera une victoire de la A 442 aux 24 heures du Mans de Didier PIRONI et Jean-Pierre JAUSSAUD, ainsi qu'une autre 4ème place, mais on se souvient de la triste annonce le même soir par Bernard HANON, PDG de Renault, de l'arrêt de la compétition en endurance ! la A 442 descendra néanmoins en grande période de gloire les Champs Elysées sous les applaudissements de la foule.

RETROMOBILE fête le 50ème anniversaire de l'A 110

Nous avons retrouvé des Alpine Renault exposées à l'occasion du cinquantenaire de la Berlinette Renault sur le stand Renault de Rétromobile ; c'était en même temps que le 40ème anniversaire de la Renault 5.

Cette petite voiture à propulsion arrière évoluera au fil du temps, passant de 55 à 127 chevaux entre 1962 et 1977 ; circuits, rallyes sur terre et asphalte, courses de côte accueilleront les Berlinettes de 1962 à 1977, l'Alpine A110 ne dépassait guère les 600 kg avec son chassis poutre, marquant les premiers pas des coques en polyester que l'on retrouvera ensuite sur les Matra (Baguera, Espace, Rancho...). 1100, 1300, 1600, 1800 cm3, quelques préparateurs comme celles du team CONDRIER feront de cette berlinette une voiture de légende, enflée parfois d'élargisseurs d'ailes et rappelant une folie pour les jantes larges comme celles fabriquées par Gotti. Les moteurs passent de la R8 Gordini à la R16 TS avec plus de couple. On y retrouve des rapports de boites plus courtes lorsqu'on attaque le championnat de la montagne, bref... C'est le bonheur des préparateurs de l'époque et de quelques agents Renault qui vont se spécialiser, certains travailleront sur la carburation avec les Weber 40 comme sur des 1600S. Ses sièges baquet entreront aussi dans la légende.

6 modèles étaient exposés à Rétromobile, grise, jaune, bleue ou verte... avec les stickers originels, une ex de Jean-Luc THERIER et une ex. Bob WOLLEK ; Alpine Renault ce furent deux titres constructeurs en rallyes.

A quelques pas de là, sur le stand Artcurial, une Berlinette Bleue 1600 coupé attendait preneur : Elle était estimée entre 60 et 70 000 €.

Née en 1961, la Berlinette A 110 portait la forme A 108 à ses débuts, devenant A 110 l'année suivante au Salon de Paris, équipée ensuite en 1968 de deux phares longue-portée d'origine et des ailes plus gonflées, avec une production de 199 exemplaires cette même année.

Voir le reportage sur l'édition du Rallye de Paris "classic" 2011

Retrouvez le Programme et la Conférence de presse Rallystory 2012

Voir le reportage sur l'édition du Rallye de Paris 2007

Voir le reportage sur l'édition du Rallye de Paris 2006

Textes et photos Jean-Louis Benoit

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